Depuis des générations, les Solé passent leurs étés à cueillir des pêches dans leur exploitation à Alcarràs, un petit village de Catalogne. Mais la récolte de cette année pourrait bien être la dernière car ils sont menacés d'expulsion.
Ma grand-mère espagnole adorait les films qui font pleurer, elle disait que si on ne pleure pas ça sert à rien. Elle nous racontait aussi les hérésies culinaires de ses belles-sœurs en se foutant bien de leur gueule d’un air outré parce qu’elles se vantaient de faire la sauce tomate au mixeur et trouvaient ça super. Ça nous faisait bien rigoler.
Nos soleils se passe pendant un été dans une famille en Espagne. On commence par suivre les enfants en perpétuelle quête d’un truc à transformer en cabane pour jouer dedans, les adultes finissent par récupérer les trucs en question parce qu’ils s’en servent, et tout s’enchaîne avec une fluidité sans égal, la caméra passant d'un monde à l’autre avec la même acuité pour ce qui s’y trame. L’après-midi le grand-père dort devant un programme nul à la télé, les enfants et ados agglutinés sur le canapé autour de lui parce que dehors il fait trop chaud font des manœuvres de cambrioleurs pour récupérer la télécommande sans le réveiller, dehors la grand-mère dit à ses filles que non non non passer la sauce tomate au mixeur ça n’a aucun rapport. Tout ça n’a l’air de rien, on a envie que ça continue, on sent l’odeur des pêches, on pleure.
Écrit le 27 mai 2023 pour la brochure du Cosmos, cycle #1 "Belles équipes"